Il fait noir. » MAMAN !! Il fait noir dehors. » Et çà fait déjà trop longtemps…
Elle voit rien, à cette heure là, elle a la tête dans l’ordinateur ou dans les casseroles. » Il fait noir Maman !! … IL FAIT NOIR ! »
Ma couche me démange. J’arrête pas de faire des bulles. Mon t-shirt est trempé. Mes chaussettes ont disparu et j’ai froid aux pieds.
Etape 1 : je râle un peu pour l’attirer… Non, là elle voit que je le fais exprès. Râlons un peu plus dans le tragique… Et voilà, Maman arrive !
Etape 2 (celle qui marche à tous les coups) : : le sourire à l’envers.
Et c’est gagné ! Trop facile !
Elle me prend dans ses bras, ça sent bon le bain çà !!! Des fois c’est Papa qui me le donne. J’aime bien quand c’est Papa parce qu’il me parle avec une voix toute douce. Quand je le vois Papa, je fonds. Le sourire jusqu’aux oreilles, les gazouillis plein la gorge… J’adore tellement ses yeux et sa voix toute calme ! En plus, il paraît que je lui ressemble…
Mais bon, aujourd’hui, c’est Maman. Pas grave, j’aime bien aussi. Elle me raconte pleins d’histoires avec ses drôles d’animaux de toutes les couleurs.
Elle me pose sur le tapis de jeu géant, celui qui est sans jouets. Et d’un coup, j’ai les fesses à l’air !!!! Plus de couche, plus de truc serré qui tire de partout, plus de bordure en coton qui gratte le cou, plus de tissu qui m’empêche de mettre mes doigts dans ma bouche, je suis toute nue !!! Enfin libre !
Elle me prend dans ses bras, on croise la grande lumière et la drôle de dame qui ressemble à Maman, et voilà qu’on arrive dans mon terrain de jeu préféré. Je pensais pas que je pourrais trouver un jeu aussi bien ici, dans ce monde plein de couleurs. Ça ressemble un peu à mon ancienne maison, sauf que là c’est encore mieux ! Les fesses à l’air, je frétille déjà !!
Maman me fait toucher l’eau avec mes pieds, puis avec le bout de mes fesses. Ça la fait rire, mais moi je déteste çà. Tout ce que je veux c’est être dans le bain jusqu’au cou ! Et retrouver la tortue qui éclabousse.
Ça y est, enfin, elle me plonge. Je suis tout entière dans l’eau. Quelques minutes de détente où je ne pense qu’à l’eau qui m’enveloppe tout entière. C’est comme ma petite couverture bleue toute molletonnée. Maman me verse de l’eau sur les cheveux, ça me coule dans les yeux… C’est tellement bien, tellement doux, tellement chaud, c’est comme mon ancienne maison !! Alors je sautille, je donne des grands coups de pieds. Le truc chiant, c’est que je touche le bord maintenant, mais je peux encore faire plein de bruit et envoyer l’eau dans les airs ! Maman rigole, et m’éclabousse avec la tortue, elle m’envoie plein d’eau sur le bidon. Mais c’est moi la plus forte, surtout depuis que je sais que je peux envoyer encore plus d’eau avec mes bras. Je peux taper fort, éclabousser partout, mouiller mon visage, et faire de la musique !!! Quand ça s’arrête, c’est tout triste. Surtout que Maman, elle en profite toujours pour me sortir illico presto de là. Alors je m’arrêterai pas, jamais !! Je continue, toujours, toujours !
Depuis quelques jours j’essaye de lui mouiller les cheveux ! J’ai déjà réussi une fois, mais c’était juste les petites pointes qui rebiquent. Maintenant j’essaye de faire rebondir l’eau jusque par-dessus sa tête ! Un jour, c’est sûr, j’y arriverais ! Et puis, faut que je continue parce que il y a aussi que quand je m’arrête, j’ai froid… alors je continue encore et encore.
Mais, finalement, c’est toujours Maman qui décide. Parce qu’en vrai, c’est toujours elle la plus forte.
Voilà, c’est l’heure. L’heure de la fin du match. Elle gagne encore. Elle me porte et me glisse dans une grande serviette. Oh génial, aujourd’hui, elle est toute chaude !! J’ai l’impression de glisser dans un nuage de chamallow.
C’était l’heure magique du bain et des jeux… avant l’heure tragique de tous les affreux trucs du soir…
Marie Kléber says
C’est vrai que c’est le moment magique qu’on arrêterait pour rien au monde. Mais dès que ça se gâte, les mamans mettent vite fin à nos élucubrations…Vivement demain soir!