Un pédiatre qui adore les bébés… Des bébés qui détestent leur pédiatre…
Nous revoilà dans cet endroit bizarre avec des nouveaux gens partout. Comme ils sont fascinants tous ces gens qui bougent, ils font des grimaces avec leur visage, et des sons magiques avec leurs bouches. Je comprends rien de ce qu’ils racontent ceux-là, mais ils sont trop marrants !! Ah mais il y a des petits modèles aussi. Ceux-là ne parlent pas beaucoup. Tout passe par le regard… Il y a les petits peureux qui ont des larmes pleins les yeux, et qui font me poser pleins de questions. Je comprends qu’ils ont peur, l’endroit ne m’évoque rien de bon. Oh on est déjà venus avec maman, j’en suis sûre, mais impossible de me souvenir ce qu’on y fait…
Et ces trucs blancs collés sur mes cuisses, ça me gratte, ça me tire. Elle aurait mieux fait de me mettre toute nue ! Je suis sûre que ça a un lien avec cet endroit. Une intuition. Ça ne m’annonce rien qui vaille. Oh voilà que Maman m’emmène. Nous voilà toutes seules maintenant. Elle me fait trop rire avec ses grimaces et ses cheveux qui piquent. Alors, on reste là, tranquilles. Ca va c’est sympa finalement. Je ne sais toujours pas à quoi servent ces trucs blancs, et maman ne semble pas vouloir les enlever. Alors on continue de faire des grimaces et de rigoler ! Maman me met toute nue d’un coup. Bon je garde encore et toujours cette satanée couche, mais je crois qu’il va falloir que je m’y fasse : c’est pour toute la vie ce truc en plastique !
Ah, elle reprend sa voix grave, elle parle à quelqu’un. Mais j’arrive pas à le voir. J’essaye de relever ma tête de toutes mes forces, mais rien à faire, je ne le vois pas. Ah voilà !! Mais oui, c’est le gentil monsieur avec ses lunettes, et sa voix toute gentille ! Il me fait même un petit bisou sur la joue. Et en plus, lui, il a compris cette histoire de couche : il me l’enlève ! Super, me voilà toute nue. Libre !!! Je suis transportée sur un truc dur, c’est pas top. Et maman me remet ma couche, elle comprend vraiment pas que c’est trop chiant les couches ! Ça brûle, ça chauffe, ça gratte…
Il n’est pas si sympathique que ça le monsieur à lunettes finalement. Il me transbahute dans tous le sens, sur le ventre, la tête sur le côté, des fils, des règles. Oh ça commence à ne pas me plaire tout ça ! Pas me plaire du tout du tout ! Je vais lui faire mon sourire à l’envers, il va tout de suite comprendre qu’il faut arrêter ça, et j’aurais un câlin de maman ! Allez, allez… Ça ne marche pas du tout. Pourquoi ? Bon, je vais pleurer alors ! Allez ! Mais il est complètement insensible ce monsieur. Et elle est où maman ? Oh non, je le sens pas du tout là. Qu’est-ce qu’il fait ? Il a des trucs pointus dans les mains. Il enlève les carrés blancs que j’ai sur les cuisses. Ça me dit quelque chose…
Ah, voilà ça me revient : des piqûres !! Oh non, Maman, elle est où Maman, le laisse pas faire çà !! AÏE ! Et il recommence, c’est encore une piqûre qui arrive !! Oh non, non, non !! Personne ne nous prépare à ça, à une telle douleur, à une telle panique !!! Je disais n’importe quoi quand je disais que les couches brûlaient… Là, ça brûle vraiment. J’arrive plus à m’arrêter de pleurer. Ça m’empêche de respirer, je vois plus rien, j’ai trop de larmes dans les yeux. Maman, elle est où ?? Elle est où Maman ?? Elle m’a laissée tomber !
Ah voilà, elle est là tout près. Je reconnais son odeur, elle me chuchote des petits mots doux… J’ai chaud et froid d’un coup. Elle m’enveloppe dans ses bras, je fonds, je sanglote. Mais voilà qu’elle me repose sur la table. J’ai tout froid !!! Oh non, voilà qu’elle me remet tout ce barda de vêtements… Non, moi je veux juste retourner dans ses bras. Retrouver son odeur, retrouver sa peau. Pourquoi elle me fait çà ? Pourquoi elle me torture comme çà ? Voilà que j’ai encore envie de pleurer.
Après la couche qui brûle, les trucs qui piquent et qui brûlent encore plus, me voilà à nouveau transformée en ours en peluche géant. Mais j’ai pas envie moi ! Je peux même pas mettre mes mains dans la bouche avec ce truc. C’est trop triste, c’est trop nul. Et les larmes qui reviennent, aussi fortes et aussi nombreuses que tout à l’heure. Incomprise, délaissée, abandonnée entre les mains d’un méchant sorcier, personne ne peut m’entendre. Je suis toute seule. Voilà que je n’arrive plus à respirer à nouveau. Pourquoi les larmes elles viennent se réfugier dans mon nez comme çà ??
La vie est trop injuste. C’est trop dur d’être un bébé…
Julycocoon says
Trop bien écrit, j’ai vécu cette situation mot pour mot !!
Julie says
Hihi… Je dis pas que nous, les mamans, on a les larmes aux yeux 😉